Le Train dans les Landes de Gascogne

Un peu d'histoire

Le département des Landes sera celui qui, en 1914, aura le plus fort kilomètrage de voies ferrées par habitant. Pour comprendre cette densité du chemin de fer dans les Landes de Gascogne, il faut comprendre l'histoire, la géographie et la géologie de cette région.

Au début du 18 ème siècle, les rares voyageurs qui s'aventurent dans ces Landes sont consternés par ce qu'ils découvrent : un paysage monotone, inondé en hiver et sec en été, quelques maigres troupeaux de moutons gardés par des bergers montés sur des échasses, sujets aux fièvres et à demi sauvages. De plus les régions côtières sont menacées constamment par les dunes qui bougent sous l'impact du vent. En 1780, Bremontier entreprend de stabiliser les dunes et Chambrelent de drainer ces territoires en plantant des arbres. A la fin du 18 ème un quart des Landes est planté soient 250 000 hectares. Les paysans vivent difficilement dans une économie vivrière partagée entre l'élevage, la culture et la forêt.

C'est Napoléon III qui comprend l'énorme richesse que pouvait apporter une forêt plantée d'une seule essence (le pin maritime) sur un million d'hectares. Mais implanter une forêt n'est pas suffisant, il faut y amener des hommes et accèderà ces hommes et aux produits de la forêt. Vu l'état du sol (sable) , la pierre est un matériau précieux à cette époque et pourtant c'est celui utilisé pour construire des routes. Très vite on s'apercevra qu'il faudra autant de pierres pour réparer les tronçons abîmés par les charrois de pierre nécessaires à l'avancement de la route. Un seul moyen de transport peut être installé dans une telle région : c'est le chemin de fer.

En 1854, la ligne Bordeaux Dax était mise en service par la compagnie du Midi. Les difficultés de construction furent nombreuses : certes le bas-prix des terrains, le manque de relief, de cours d'eaux et d'obstacles géographiques devaient à priori faciliter la construction, mais c'est justement les caractéristiques de cette région qui rendirent la construction difficile (difficultés de ravitaillement, de logement des ouvriers, fièvres...) . Quand la voie fut terminée, il fallut consolider les talus pour fixer le sable, encourager les cheminots qui s'installaient dans les stations par des primes spéciales. Très vite, les gares d'Ychoux, Labouheyre ou Morcenx furent animées, mais tout de suite dans l'intérieur des terres, le plus léger charroi s'ensablait (l'été) ou était bloqué par l'eau (l'hiver). Il fallait construire des routes. Une loi du 25 mai 1857 décidait la construction de routes agricoles s'embranchant sur la voie ferrée à Pierroton, Marcheprime, Facture, Candos, Ychoux, Labouheyre, Laluque et Dax. Une convention fut passée entre l'Etat et la Compagnie du Midi : la Compagnie exécutait ces routes pour une somme forfaitaire de quatre millions pour environ 500 km de routes ! La Compagnie mettra en place une organisation remarquable car il faudra transporter les pierres de très loin (jusqu'à Angoulême). Douze locomotives, 400 wagons et 100km de voies provisoires seront employés . Les routes seront livrées en 1861. Naturellement, la Compagnie avait bien espéré tirer des bénéfices de l'exploitation de ces routes : très vite, elles seront utilisées pour emmener vers les stations de la ligne Bordeaux Dax les productions de la forêt.

Transport de bois vers une gare.

A partir de 1875, la Compagnie du Midi décida de soutenir la création d'un réseau affluent de voies ferrées secondaires placées en accotement ou non loin des routes agricoles. La concession en fut signée en 1882, la construction fut terminée en 1891. La concession d'un chemin de fer de Soustons à Léon accordée à un particulier fut garantie par le Midi. En 1910 trois compagnies(1) cohabitaient sur 361 km de lignes; en 1916, les trois sociétés fusionnèrent dans les faits en une compagnie les VFL (Voies Ferrées des Landes). (VOIR CARTE) Ont donc été construites du Nord au Sud, pour le département des Landes :

La VFL, reprise en 1947 par le département des Landes (La RDTL, Régie Départementale des Transports des Landes, est l'héritière sur la route de la VFL). Mais la VFL existe encore, prise ne concession par la VFLI, filiale de la SNCF, car certaines lignes sont toujours en service : une partie de Dax - Azur et Tartas - Laluque.

Ces lignes vont accomplir la mission pour laquelle elles ont été construites : permettre la circulation, exporter le bois et la résine et aider à la construction de routes en transportant les matériaux. Elles transporteront les habitants de ces régions. Elles autoriseront aussi l'exploitation de petites mines ou d'industries. Elles cesseront quasiment toutes leur activité après la seconde guerre. La fermeture au service voyageurs eut lieu pour la plupart fin 1949, aux marchandises en 1969 ou 1979. Voit tableau synthétique ICI

(1) 1: La CFIL (Société anonyme des Chemins de fer d'Intérêt Local du département des Landes) créée en 1885 qui a son siège social à la même adresse que la Compagnie du Midi ! 2: La compagnie des Chemins de fer du Born et du Marensin qui a la concession de certaines lignes ou du prolongement de lignes des CFIL. 3: La compagnie du Chemin de Fer d'intérêt local de Soustons à Léon. En 1916, la compagnie du Born et Marensin prend le nom de Société anonymes des Voies Ferrées des Landes (VFL) ; peu après les trois compagnies se regroupent officiellement en 1919. Reste une compagnie indépendante, la LMM : le chemin de fer de Luxey à Mont de Marsan, qui le restera jusqu'à sa fermeture en 1959. Voir les liens avec le Midi ICI.

Toutes les gares des Landes ICI