Nous
allons parler ici des gens qui ont fait vivre les VFL : les employés et
les usagers. Le "Matche-cul", c'est le surnom qu'on lui donnait dans
certaines régions des Landes, a vite pris sa place dans les Transports
des Landes. Les voyageurs ne seront pas souvent très nombreux, mais le
trafic des marchandises aura vite du succès : les produits et
sous-produits de la forêt (bois, poteaux de mine, planches, résine, goudron...), mais aussi le transport des récoltes, des
animaux...
Quelques
petites histoires de la ligne Laluque-St Girons rassemblées par JP
Mabille pour le bulletin N°20 de l'association Mémoire en Marensin.
"Le
13 septembre 1897 le train 174, tiré pr la machine Landes N°9
venant de Linxe et se dirigeant vers Castets, est entré en collision
avec 4 wagons partis à la dérive. Ils avaient été laissés le matin, au
km20,5, quartier du Houas, pour un déchargement (ou un déchargement) en
pleine voie , par le train 171." Cette pratique sera courante
sur toutes les lignes CFIL puis VFL : on laissait en pleine ligne les
wagons , si possibles calés et signalés par un drapeur rouge (!!!) et
ils étaient chargés (ou déchargés) sur le champ, puis repris par le train suivant ; c'est en quelque sorte
ce que font, à notre époque, les nombreux camions de bois sur les
chantiers d'abattage en cours.
"Un
acte de malveillance survient le 15 novembre 1897. le poteau
kilomètrique N°15 au Basqué a été arraché puis mis en travers de
la voie. le mécanicien aperçoit tardivement l'objet, dégâts légers sur
la machine N°9, chasse-pierre tordu..." Déjà à cette époque,
des irresponsables essayaient d'entraver le bon focntionnement du
chemin de fer... Ou alors la vengeance d'un muletier qui estimait la
concurrence du chemin de fer trop inégale?
"Le
14 octobre 1903, au km 26,410 chez Dupart, à 100 mètres de la station
de Linxe, le train 350 a tamponné vers 6h35 du matin une charrette à
deux mules qui se dirigeait vers le bourg. Le choc a provoqué le
déraillement de la locomotive et a broyé la charrette. les mules dont
le collier et le joug ont été brisés, ont été projetées dans le fossé
sans se faire de mal, c'est à peine si huit jours de repos leur seront
nécessaires. Le conducteur, Raymond Darrieutort, muletier à Vielle,
avait pu sauter à temps de la charrette. La locomotive déraillée des
deux roues avant, a été remise sur les rails une heure après grâce aux
ouvriers de la scierie. Le train se dirigeait vers Laluque, il est
arrivé avec une heure 45 de retard." Rien
de nouveau sous le soleil : déjà un accident de passage à niveau !
Noter la belle solidarité à cette époque, les ouvriers de la scierie
donnant la main aux cheminots pour remettre la locomotive sur rails.
"Le
28 juin 1919 quelques voyageurs discutent à voix haute dans le train
350. Il fait beau, un petit air frais entre par les fenêtres mal
fermées et soudain un sifflement suivi d'un freinage d'urgence bouscule
et alerte les voyageurs. Dans un vacarme assourdisant le convoi
s'arrête enfin. Il est 7h50 nous sommes au km 7,190 à Mongrit, le
sixième wagon marchandises est couché. Le train vient d'écraser une
vache. Les voyageurs descendent, le spectacle est affreux. Mais déjà le
chef de train Billotte de St Girons propose aux voyageurs de monter
dans le cinquième wagon, un couvert chargé de traverses. Le train est
coupé en quelques minutes et les voyageurs se retrouvent assis sur des
traverses pour finir leur voyage. Un long coup de sifflet pour annoncer
le départ en douceur. Résultat, les voyageurs ont pris leur
correspondance normalement à Laluque et la vache qui appartenait
à Mr Hanquin quartier Mongrit à Laluque est morte." Une
petite explication s'impose : la plupart des trains étaient des MV :
marchandises-voyageurs, c'est à dire que le convoi comporte des
voitures voyageurs . Au fil des ans, comme les voyageurs se font de
plus en plus rares, deux voitures puis une seule (une ABDF 8) sont
en queue du train ; ainsi dans les gares, pendant les manoeuvres, les
voyageurs ne sont pas secoués dans tous les sens... Voir la vidéo de 1955
et voir ainsi une composition type des VFL : des couverts SNCF avec en
queue une belle voiture fourgon avec son chef de train à la porte. Mais
ce n'était pas une régle, dans certaines régions SNCF, les MV
classaient les voitures voyageurs en tête du train ; les
voyageurs participaient alors aux manoeuvres. Lire ICI.
Quelques
petites histoires de la ligne Soustons-Léon rassemblées par JP
Mabille pour le livret "Balade sur l'ancienne ligne de Soustons à Léon"
édité par les Offices de Tourisme de Soustons, Vieux-Boucau, Messanges,
Moliets et Léon.
La
ligne Saint-Vincent de Tyrosse-Léon est une ligne un peu à part parmi
toutes les lignes VFL : elle a servi au début du siècle à transporter
les premiers touristes adeptes de la Côte d'Argent ; si bien que la
municipalité de Vieux-Boucau demanda "à la Compagnie d'ajouter les
Bains au nom de la gare, sur les billets et étiquettes." "Placée à 1
500 m de la mer, cette station connut un trafic important pendant les
vacances et les week-ends. Un voiturier emmenait les voyageurs pour
0,15 fr jusqu'à la dune, avec un arrêt place de la mairie". "Pendant
la seconde guerre, l'armée allemande avait coulé des rampes en béton
devant la gare pour permettre le déchargement des chars. " "A chaque
voyage, les conducteurs profitaient de cet arrêt pour remplir un seau
de sable près du cimetière. Il parait que c'était le meilleur pour
remplir les sablières de leur machine."
Mais Messanges et Léon
avaient un trafic lié aux produits dérivés de la forêt . A Messanges,
"l'usine Caliot toute proche était reliée par une voie de 60, elle
expédiait des bois transformés ainsi que des produits résineux
(térébenthine, colophane...) Il y avait en permanence un tas de poteaux
de mine en attente de chargement." Moliets " possèdait un four à
goudron... qui était conditionné dans des fûts et acheminé sur des
wagons plats..." A Léon "La voie de service était toujours garnie
de wagons couverts pour la scieie Lesbats tandis que d'autres, wagons
tombereaux ou plats, attendaient le chargement de madriers à pavés,
planches d'Espagne et poteaux bruts pour les Mines du Pays de Galles."
Les textes en italique sont de Jean-Pierre Mabille, bulletin N°20 Mémoire en Marensin.
Une affiche "modestement" titrée grande vitesse...